Expédition en Norvège : 6 jours de ski et pulka en autonomie complète

Expédition en Norvège : 6 jours de ski et pulka en autonomie complète

Expédition en Norvège : 6 jours de ski et pulka en autonomie complète

En mars dernier, sept explorateurs européens ont entrepris une expédition en ski et pulka dans le parc national d'Hardangervidda en Norvège. Leur but est de mesurer la masse glaciaire du Groenland dans le cadre d'une étude comparative sur l'importance du Groenland pour la compréhension du changement climatique. Avant leur mission au Groenland, ils testent leur équipement pendant six jours dans des conditions météorologiques extrêmes. Cette expédition nécessite une endurance physique et mentale exceptionnelle, car ils doivent parcourir un minimum de 20 km par jour pour mener leur mission dans le temps imparti.

Photo : Delphine Danielou

Un projet d’envergure : entre science et exploration polaire

Thomas Hitzigen, scientifique leader de l’expédition, entend achever cet été une étude commencé il y a plus de 20 ans. Accompagné, d’une jeune équipe européenne, composée de Sarah Heller (Autriche), Thilde Hovmoller Ellemose (Danemark), Hugo Furnes (Norvège), Marco Schütze et Lutz Schütze (Allemagne), ils se préparent à partir en autonomie mesurer la masse glaciaire du Groenland pendant plus d'un mois. Le Groenland étant le second réservoir d'eau douce mondial, leur expédition est essentielle pour l'étude comparative. Ils devront faire face à des conditions climatiques extrêmes et à des défis logistiques considérables pour accomplir leur mission.

L’ambition de ce projet, avant tout scientifique, est grand, mais la volonté des explorateurs l’est tout autant. Dans le parc national de Hardangervidda en mars, l’hiver n’est pas fini. Les températures pourtant chaudes oscillent entre -20° la nuit et 0° en journée. Cette semaine est une semaine teste pour l’équipe, une semaine décisive pour leur prochain périple au Groenland. Ils doivent parcourir 20km/jour pour traverser le Groenland dans les délais impartis et terminer l'étude géodésique de Thomas Hitzigen. L'équipe précédente a échoué en 2021 en raison d'un retard accumulé, de l'épuisement et d'une tempête. C’est une exigeante endurance physique et mentale qui est demandée au corps et aux esprits.

Photo : Delphine Danielou

Une aventure en milieu polaire : redécouvrir les 5 sens

Les explorateurs ont affronté des conditions météorologiques difficiles lors de leur expédition. Les vents violents, la neige et la pluie les ont frappés le visage la plupart du temps, avec seulement quelques heures de soleil en six jours. Tirer une pulka de plus de 60 kilos dans ces conditions était difficile, surtout avec un vent de face. Certains jours, la visibilité était nulle, des « journées blanches » où, il faut se fier aux connaissances du terrain et à la détection d'indices pour avancer.

En plus de s’appuyer sur sa vue, cette expédition leur a également permis de mettre en avant leurs autres sens, tels que l'ouïe. Dans les moments les plus difficiles, le bruit de leur propre respiration se mêle à la force du vent, leur rappelant l'importance du souffle pour maintenir leur rythme de marche. Le toucher fut également très sollicité, avec les joues brûlées par les éléments, les pieds endoloris par les plus de 7 heures de marche quotidienne et le poids des pulkas. Enfin, l'odorat et le goût leur ont offert un réconfort absolu à chaque pause pour se nourrir. Dans cet univers glacé et hostile, où chaque pas est une bataille, chaque petite pause pour boire de l'eau ou manger un encas donne un regain de force et d'énergie.

Malgré les difficultés rencontrées, cette expédition est une expérience unique, leur permettant de découvrir leurs limites.

Photo : Delphine Danielou

Notre routine et notre alimentation

Au cœur de ce scénario, un élément crucial, la routine. Le matériel, l’alimentation et le déroulement des journées précieusement millimétrées. Dès le matin, les membres du groupe se lèvent à 6 heures. Pendant que certains préparent le petit-déjeuner et remplissent les thermos pour la journée, les autres s'occupent de démonter les tentes. Après avoir mangé, ils terminent de ranger leurs affaires dans les pulkas. Les dents brossées, ils enfilent leurs chaussures de ski et enlèvent les dernières couches qui les tiennent chauds pour partir. Leurs journées sont ponctuées de marches de 45 minutes suivies de pauses de 15 minutes, jusqu'au soir, souvent vers 19 heures.

Cette régularité leur permet de garder un rythme constant et de tenir dans la durée. Avec un objectif de 20 km par jour, l'expédition est un marathon et non un sprint. Pourtant, les imprévus font également partie du quotidien, tels qu'une pulka cassée, de la neige collante qui empêche les skis de glisser, des ampoules à soigner sur le vif, etc. Des tracas qu'il faut apprendre à gérer avec calme et efficacité. En fin de journée, avant que le soleil ne se couche, le groupe doit trouver un emplacement pour installer ses tentes et construire un mur de neige pour se protéger du vent. Une fois cette tâche accomplie, c'est l'heure de la récompense, un chaleureux repas lyophilisé ! L’alimentation est un point crucial dans la réussite d’une telle expédition.

Voici une idée des rations emportées par jour et par personne :

- Petit-déjeuner : deux Muesli Energy Breakfast, auquel chacun ajoute un mélange de noix et de fruits sec, des morceaux de chocolats, accompagné de thé et café.

- Collation de la journée : toutes les 45mn, durant les pauses de 15mn, l’équipe alterne avec plusieurs types d’encas énergétiques. Une MOS EnergyBall, des oléagineux, du chocolat en tablette, ou encore un snack de bœuf par exemple.

- Repas du soir : deux rations de repas lyophilisés tel que, le dhal de lentilles aux légumes et aux graines de courges lyophilisé et les pâtes à la bolognaise lyophilisées. Un repas compléter avec une soupe chaude et des morceaux de fromages.

En six jours seulement, les explorateurs ont parcouru en ski et pulka plus de 100 kilomètres, surmonté plus de 2000 mètres de dénivelé positif et affronté des conditions météorologiques à la fois fascinantes et impitoyables. Cette expédition en Norvège a été une expérience inoubliable, mais ce n'est que le début. Les explorateurs se dirigent désormais vers le Groenland pour une expédition encore plus importante. Au-delà des défis physiques et mentaux qu'ils affronteront, leur travail a un impact significatif sur la recherche scientifique sur le climat et la préservation de notre planète. C'est une mission de la plus haute importance et nous leur souhaitons le meilleur pour leur parcours.

Photo : Delphine Danielou

Rédaction de l'article : Delphine Danielou